Suivi des pathologies

Cancers hormonodépendants, diabète, obésité, anomalies congénitales

Les perturbateurs endocriniens sont suspectés d’être à l’origine d’une augmentation observée dans de nombreux pays de certaines pathologies pour lesquelles l’environnement pourrait en être, pour partie, à l’origine. Il s’agit notamment des cancers hormono-dépendants, des troubles de la reproduction chez l'homme et de l'avancée de l'âge à la puberté.

Dans cette rubrique :

  • Quels sont les principaux effets sur la santé des perturbateurs endocriniens.
  • Quelle est la situation et l'évolution de ces pathologies en Île-de-France

Méthode de calcul: Pour le cancer de la thyroïde, la méthode retenue est la méthode basée sur la méthode AUP (un croisement entre PMSI et ALD). Pour les ALD, l’indicateur utilisé est le nombre de premières mises en ALD sur la période d’étude, codées selon la CIM-10. Les données du PMSI de la période 2007-2016 ont été extraites des bases nationales. Pour le PMSI, l’indicateur utilisé est le nombre de patients ayant effectué au moins un séjour hospitalier avec un diagnostic principal de cancer codé selon la CIM-10, sur la période d’étude.

Incidence du cancer de la thyroïde par département et en Île-de-France en 2007-2016 en nombre de cas

Source : Données d'incidence et de mortalité départementales des cancers - HCL-Francim-SPFrance-INCa Traitement : INCa - lesdonnees.e-cancer.fr - 2019

 

Taux d'incidence du cancer  de la thyroïde (standardisation monde)

Source : Données d'incidence et de mortalité départementales des cancers - HCL-Francim-SPFrance-INCa Traitement : INCa - lesdonnees.e-cancer.fr - 2019

Contexte national (source : INCA)

L’analyse des tendances pour le cancer de la prostate entre 1990 et 2015 révèle une évolution récente plutôt favorable. Le taux d’incidence de ce cancer a été en forte augmentation jusqu’en 2005, puis a rapidement diminué en lien avec les modifications de pratique de dépistage. Chez les hommes les plus âgés (de 70 à 85 ans) une légère augmentation de l’incidence est observée entre 2012 et 2015. Aucun élément ne vient cependant étayer l’hypothèse d’une hausse récente et durable de l’incidence. La projection en 2018 fournie par  une modélisatio donne une estimation de 52 509 cas et un taux standardisé de mortalité (TSM) de 78,9 pour 100 000 qui doit être considérée comme une hypothèse haute. Un autre modèle appuyant la projection sur une période plus longue (où l’incidence baissait) et donnant moins de poids aux hausses très récentes fournit une estimation de 45 388 cas (TSM 69,2 pour 100 000) pour 2018 ce qui doit être considéré comme une hypo thèse basse. Le taux de mortalité est quant à lui en baisse constante sur toute la période d’étude (‑2,8 % en moyenne par an entre 1990 et 2018). Cette baisse peut être attribuée à l’amélioration des traitements d’une part, et au rôle du dépistage d’autre part, qui, en permettant de diagnostiquer certains cancers à des stades pré‑ coces, donc curables, a contribué à cette diminution.

Situation et évolution en Île-de-France

Nombre annuel de décès par cancer de la prostate dans les départements d'Île-de-France

Sources : Inserm-CépiDc

Taux standardisé de mortalité par cancer de la prostate sur la période 2009-2015

Inserm-CépiDc, Insee - Exploitation Fnors
Définition : Le taux standardisé de mortalité par cancer de la prostate est le taux que l'on observerait dans le territoire étudié s'il avait la même structure par âge que la population de référence, population France entière au recensement 2006. L'indicateur est calculé sur des périodes de 3 ans. Le taux est une moyenne annuelle.

Nombre d'admissions en ALD pour cancer de la prostate

Sources : Cnamts, CCMSA, CNRSI Insee Exploitation Fnors

Taux d'admissions en ALD pour cancer de la prostate pour 100 000 (pop. réf. RP 2006)

Sources : Cnamts, CCMSA, CNRSI Insee Exploitation Fnors

Contexte nationale

(Source Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018)

Le cancer du sein est une maladie multifactorielle. Certains facteurs sont suspectés dans leur survenu, comme les perturbateurs endocriniens, qui pourraient aussi expliquer en partie la poursuite de l’augmentation de l’incidence. 

Le cancer du sein chez la femme combine une augmentation du taux d’incidence associée à une diminution du taux de mortalité (respectivement +1,1 % et ‑1,3 % par an en moyenne entre 1990 et 2018). La diminution de la mortalité entre 1990 et 2018 peut être liée à des progrès importants dans le traitement de ces cancers et à un diagnostic plus précoce (meilleure sensibilisation des femmes et des professionnels, amélioration des techniques d’imagerie diagnostiques et des pratiques de dépistage). En revanche, l’augmentation de l’incidence se poursuit sur la période récente (+0,6 % par an en moyenne entre 2010 et 2018). Après une forte augmentation jusqu’au début des années 2000, le taux d’incidence s’est stabilisé entre 2003 et 2010 avant de reprendre une évolution à la hausse à un rythme plus modeste toutefois qu’au cours des années 1990

Situation et évolution en Île-de-France

Nombre annuel de décès par cancer du sein chez les femmes dans les départements d'Île-de-France

Sources : Inserm-CépiDc

Taux standardisé de mortalité par cancer du sein chez les femmes sur la période 2000-2015

Sources : Inserm-CépiDc, Insee - Exploitation Fnors
Définition : Le taux standardisé de mortalité par cancer du sein est le taux que l'on observerait dans le territoire étudié s'il avait la même structure par âge que la population de référence, population France entière au recensement 2006. L'indicateur est calculé sur des périodes de 3 ans. Le taux est une moyenne annuelle.

Nombre d'admissions en ALD pour cancer du sein chez les femmes

Sources : Cnamts, CCMSA, CNRSI Insee Exploitation Fnors

Taux d'admissions en ALD pour cancer du sein chez les femmes (pop. réf. RP 2006)

Sources : Cnamts, CCMSA, CNRSI Insee Exploitation Fnors

Situation et évolution en Île-de-France

Nombre annuel de décès par cancer de l'ovaire dans les départements d'Île-de-France

Sources : Inserm-CépiDc

 

Taux standardisé de mortalité par cancer de l'ovaire sur la période 2000-2015

Sources : Inserm-CépiDc, Insee - Exploitation Fnors
Définition : Le taux standardisé de mortalité par cancer de l'ovaire est le taux que l'on observerait dans le territoire étudié s'il avait la même structure par âge que la population de référence, population France entière au recensement 2006. L'indicateur est calculé sur des périodes de 3 ans. Le taux est une moyenne annuelle.

Nombre d'admissions en ALD pour cancer de l'ovaire

Sources : Cnamts, CCMSA, CNRSI Insee Exploitation Fnors

Taux d'admissions en ALD pour cancer de l'ovaire (pop. réf. RP 2006)

Sources : Cnamts, CCMSA, CNRSI Insee Exploitation Fnors

Contexte national

Source : Santé publique France 

En France, la prévalence du diabète traité pharmacologiquement (tous types) était estimée à 5% de la population en 2016, soit 3,3 millions de personnes. Cette prévalence a augmenté en moyenne de 2,1% par an sur la période 2010-2015.

Par ailleurs, en France, l’incidence du diabète de type 1 était estimée à 19,1 pour 100 000 chez les enfants de 6 mois à 14 ans en 2015, soit 2 286 enfants nouvellement diagnostiqués dans l’année. Cette incidence a augmenté en moyenne de 4 % par an entre 2010 et 2015.

Situation en Île-de-France

Taux de prévalence standardisé du diabète traité pharmacologiquement (tous types) 2016 - Tout sexe

Source : SNDS - DCIR, Insee. Exploitation Santé publique France

Définition

Source : Santé publique France

Le diabète sucré est une affection métabolique caractérisée par une hyperglycémie chronique (taux de glucose dans le sang trop élevé) liée à une déficience soit de la sécrétion de l’insuline, soit de l’action de l’insuline, soit des deux. Il existe différents types de diabète.

Le diabète de type 2 est la forme la plus fréquente du diabète. Il est caractérisé par une résistance à l'insuline et une carence relative de sécrétion d'insuline, l'une ou l'autre de ces deux caractéristiques pouvant dominer à un degré variable. Cette forme de diabète survient essentiellement chez les adultes d’âge mûr mais peut également survenir à un âge plus jeune, voire même pendant l’adolescence.

Le diabète de type 1, beaucoup moins fréquent, est principalement causé par la destruction des cellules bêta du pancréas, d’où l’incapacité de la personne atteinte à sécréter de l’insuline. Pour cette raison, les injections d’insuline sont vitales chez ces personnes. Cette forme de diabète survient essentiellement chez les enfants et les jeunes adultes.

Contexte national

Source : Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l'obésité,  INSERM / KANTAR HEALTH / ROCHE, 2012 (Obépi)

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 20 000 foyers représentant la population des ménages ordinaires français issus de la base permanente de KANTAR HEALTH et excluant les sujets vivant en institution, en foyer, en résidence en communauté, ou sans domicile fixe.

Les principaux résultats de l'enquête montrent que :

  • En 2012, 32,3% des Français adultes de 18 ans et plus sont en surpoids (25 ≤ IMC < 30 kg/m2 ) et 15% présentent une obésité (IMC ≥ 30 kg/m2 ).
  • Le poids moyen de la population française a augmenté, en moyenne, de 3,6 kg en 15 ans alors que la taille moyenne a augmenté de 0,7 cm.
  • Le nombre de personnes obèses en 2012 est estimé à environ 6 922 000, ce qui correspond à 3 356 000 personnes supplémentaires par rapport au chiffre de 1997.
  • L’IMC moyen passe de 24,3 kg/m2 en 1997 à 25,4 kg/m² en 2012 (p<0.05) : augmentation moyenne de l’IMC de 1,1 kg/m2 en 15 ans.

Santé publique France pilote l'étude nationale Esteban. cette étude vise notamment à mesurer notre exposition à certaines substances de l’environnement, à mieux connaître notre alimentation et notre activité physique et à mesurer l'importance de certaines maladies chroniques dans la population.

Les principaux résultats de l'enquête 2014-2015 sur le volet portant sur le surpoids et l'obésité montrent que :

  • Chez les adultes de 18 à 74 ans, en 2015, 54 % des hommes et 44 % des femmes étaient en surpoids ou obèses (IMC ≥ 25). La prévalence de l’obésité (IMC ≥ 30) était estimée à 17 %, sans distinction entre hommes et femmes.
  • En termes d’évolution entre les données d’ENNS-2006 (enquête national nutrition santé) et d’Esteban-2015, la prévalence du surpoids (obésité incluse) des adultes est restée stable, de l’ordre de 49 % et celle spécifique de l’obésité s’est maintenue à 17 % pour l’ensemble de la population adulte. 
  • Chez les enfants de 6 à 17 ans, en 2015, la prévalence du surpoids (obésité incluse) était estimée à 17 %, dont 4 % d’obèses. 
  • Entre 2006 et 2015, la prévalence du surpoids (obésité incluse) des enfants est restée stable. 

 

Données régionales

Entre 1997 et 2012, l'enquête Obépi indique un doublement de la prévalence de l'obésité, passant de 7,0% à 14,4% (+105,7%).

Evolution de la prévalence de l'obésité en Île-de-France et en France, en %

Source : Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l'obésité,  INSERM / KANTAR HEALTH / ROCHE, 2012 (Obépi)

 

L'exploitation par l'ORS de l'Enquête nationale sur la santé auprès des élèves scolarisés en classe de troisième montre que en Île-de-France, en 2008-2009,  18,5% des adolescents sont en excès pondéral, dont 14,3% sont en surpoids et 4,2% sont obèses. Ce sont 13,5% des Franciliennes qui sont en surpoids contre 15,0% de garçons, et 4,9% des Franciliennes sont obèses contre 3,4% des Franciliens. 

Prévalences du surpoids et de l’obésité, chez les filles et les garçons scolarisées en troisième, en Île-de-France et hors Île-de-France, en 2008-2009 (%)

Source : Enquête nationale sur la santé auprès des élèves scolarisés en classe de troisième – 2008-2009, producteur : DREES - Ministère de la Santé, diffuseur : ADISPCMH, exploitation ORS IdF

Définition

L’indicateur utilisé pour évaluer la corpulence est l’Indice de Masse Corporelle (IMC). Il correspond au rapport du poids (exprimé en kg) sur la taille (exprimée en m2). Chez l’enfant et l’adolescent les seuils évoluent selon l’âge et le sexe en raison des variations de corpulence pendant la croissance. Les seuils utilisés pour le surpoids sont les seuils IOTF (International Obesity Task Force : groupe de travail réuni sous la supervision de l’OMS), qui sont définis pour chaque sexe et chaque tranche d’âge de six mois. Ils rejoignent à 18 ans les valeurs de 25 et 30 correspondant respectivement au surpoids et à l’obésité chez l’adulte. L’IMC est calculé à partir du poids et de la taille mesurés le jour où l’élève est enquêté. La variable « surpoids» correspond ici au surpoids chez l’adulte (25 ≤ IMC < 30, la variable « obésité » correspondant à l’obésité caractérisée par un IMC supérieur ou égal à 30 chez l’adulte.

Le syndrome de dysgénésie testiculaire (testicular dysgenesis syndrome, TDS)

Il s'agit d'un trouble du développement des testicules pouvant conduire à des malformations congénitales (hypospadias, cryptorchidies) chez le garçon, un risque accru de cancer du testicule et une mauvaise qualité du sperme à l’âge adulte, qui constituent les quatre composantes du syndrome. Il pourrait-être favorisé par une exposition précoce aux perturbateurs endocriniens (PE) et a été listé par un panel de scientifiques au niveau international comme l’un des indicateurs-clés à surveiller dans le contexte de l’exposition aux PE (Source : Santé publique France).

Taux d'incidence brut prédit des cas de cryptorchidies et d’hypospadias traités chirurgicalement chez les garçons de moins de 7 ans 2014 (pour 1 000 personnes année)

Sources : Santé publique France - ATIH-PMSI

Puberté précoce

La puberté précoce est suspectée d’être favorisée par une exposition aux perturbateurs endocriniens (PE) et son incidence a été retenue, par un panel de scientifiques au niveau international, comme étant un indicateur-clé à surveiller. Elle se manifeste par des signes de puberté avant l’âge de huit ans chez les filles et de neuf ans chez les garçons. Les filles sont 10 fois plus souvent atteintes que les garçons (L’INCIDENCE DE LA PUBERTÉ PRÉCOCE CENTRALE IDIOPATHIQUE EN FRANCE RÉVÈLE UNE HÉTÉROGÉNÉITÉ GÉOGRAPHIQUE IMPORTANTE | BEH 22-23 2018.

Taux d'incidence prédit de puberté précoce chez les filles et les garçons 2011-2013 tous âges

Sources : Santé publique France - SNDS | SNIIRAM

Précisions : 

  • Filles : L’incidence (rapport du nombre de cas sur la population de référence) nationale et l'incidence par département ont été prédites (intervalles de crédibilités (IC) à 95%), avec le meilleur modèle selon le DIC (critère d'information de déviance). Les estimations du nombre de personnes-années (populations moyennes annuelles) par département, sexe et âge ont été utilisées (Insee). Les taux sont modélisés et moyennés sur 3 années (2011-2013).
  • Garçons : L’incidence (rapport du nombre de cas sur la population de référence) nationale et l'incidence par département ont été prédites (intervalles de crédibilités (IC) à 95%), avec le meilleur modèle selon le DIC (critère d'information de déviance), et en utilisant les données du recensement de la population française de l'Insee.