Etat bucco-dentaire et recours aux soins préventifs et curatifs de la population francilienne adulte

01 octobre 2008

La santé bucco-dentaire peut se définir comme un équilibre à la fois fonctionnel et esthétique. Elle repose sur l’absence des deux pathologies les plus courantes : la carie (atteinte des tissus durs de la dent) et la maladie parodontale (atteinte des tissus de soutien de la dent) mais aussi, sur l’absence de douleur, de limitations fonctionnelles (mastiquer, parler) et de perturbations dans la qualité de vie (apparence, sommeil). Les facteurs de risque d’un mauvais état bucco-dentaire sont l’accumulation de plaque (brossage inefficace), une alimentation riche en sucres, une susceptibilité accrue à la flore pathogène, mais ils relèvent aussi de facteurs socio-économiques (niveau de revenu, statut professionnel, niveau éducatif, habitat urbain/rural, couverture sociale) et de facteurs comportementaux (tabac, alcool). L’atteinte carieuse a nettement diminué chez l’enfant et l’adolescent mais de façon très inégale selon les différents groupes sociaux. En France, on retrouve des différences de l’indice CAO (indicateur d’atteinte carieuse : nombre de dents Cariées, Absentes ou Obturées), entre enfants d’ouvriers (1,55 en moyenne et 50% d’enfants indemnes) et enfants de cadres (0,9 en moyenne et 67% d’enfants indemnes) (1). Peu d’études s’intéressent à l’adulte et à l’analyse des effets du gradient socio-économique, en particulier l’augmentation de la morbidité selon le facteur de risque de précarité est peu précisé. En dehors du CAO, le nombre de dents absentes non remplacées est un indicateur de gravité d’atteinte et de besoin de soins très utilisé. Ce sont dans les catégories les plus défavorisées que l’on retrouve les personnes qui ont le plus de dents absentes. Ces différences sociales peuvent s’expliquer par des différences d’exposition aux facteurs de risque et de comportements (vis à vis de l’hygiène et de l’alimentation), mais aussi par des disparités d’accès aux soins. Selon l’enquête “Santé et protection sociale” (ESPS) (2), plus de la moitié des renoncements aux soins concernent les soins bucco-dentaires. Le renoncement aux soins dentaires augmente le risque d’un mauvais état dentaire (OR=4,8) (3). La mise en place de la couverture médicale universelle (CMU) n’a pas permis de compenser les écarts de recours aux soins. Il a été observé un risque pour une dent atteinte de ne pas être obturée multiplié par 1,5 à 3 chez les bénéficiaires de la CMU complémentaire (CMUc) (4). Les fortes inégalités observées sont à considérer en France, dans un contexte de faible prise en charge de l’assurance maladie des traitements coûteux avec dépassement (prothèse, orthopédie dento-faciale et traitement des maladies parodontales). Si la région Ile-de-France se caractérise par une situation sanitaire globalement favorable, il existe de très fortes disparités sur son territoire. Dans ce contexte, l’Observatoire régional de santé d’Ile-de-France a choisi de s’intéresser à la santé bucco-dentaire à partir des données de l’enquête décennale santé de l’Insee, en axant sa réflexion sur les inégalités sociales de santé. Ce travail a été mené en collaboration avec l’UFR d’odontologie de Paris VII.

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Recours aux soins