La santé des jeunes suivis par la Protection judiciaire de la jeunesse.
Les jeunes faisant l’objet d’une mesure judiciaire au pénal constituent une population globalement vulnérable dont l’état de santé, et plus largement les déterminants de santé, méritent une attention particulière. Ces jeunes pris en charge par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) cumulent en effet de nombreux facteurs de risque pour la santé.
Les dernières grandes enquêtes de l’Inserm datant de près de 20 ans (1997, 2005), il semblait donc nécessaire d’actualiser les données et la connaissance sur l’état de santé des jeunes suivis par la PJJ. Le ministère de la Justice, via la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ), a lancé un marché public pour la réalisation d’une enquête nationale sur la santé de ces jeunes. L’ORS Île-de-France, associé à l’Inserm Cermes 3 et l’Inserm Eres a conduit ces travaux. Le groupe d’études Verian a assuré la réalisation du terrain auprès de ces jeunes, aussi bien en milieu ouvert et en placement, entre octobre 2023 et mai 2024, dans trois directions interrégionales (DIR Île-de-France-Outre-mer, Grand-Nord, Sud-Ouest), ,.
Cette enquête nationale a permis d’interroger un échantillon de jeunes suivis par la PJJ sur leur état de santé, leurs comportements de santé et conduites à risque. Elle apporte également des éléments de contexte avec des données sur les jeunes en population générale.
Parmi les éléments essentiels :
- Les jeunes suivis par la PJJ présentent d’importantes vulnérabilités, en comparaison avec les jeunes des mêmes âges en population générale.
- L’étude confirme l’importance des ruptures scolaires ou familiales associée à des proportions élevées de maladies chroniques et de handicap, à un recours important aux urgences et des renoncements aux soins fréquents. Sont également observées des consommations particulièrement élevées de cannabis, et de protoxyde d’azote, une hygiène de vie marquée par un manque de sommeil et des repas fréquemment sautés, l’utilisation importante des réseaux sociaux, une sexualité précoce, une violence très présente, etc.
- Cette étude permet de mettre en avant l’hétérogénéité de la population suivie, entre les garçons et les filles, entre les plus jeunes et les plus âgés, entre ceux en cours de scolarité et ceux en emploi, apprentissage, en insertion ou en formation ou encore sans activité ou au chômage. Les situations familiales plus défavorisées, ainsi que la déscolarisation, agissent comme des déterminants des différentes dimensions de la santé.
- L’hétérogénéité mise en avant est à prendre en compte avec un effort tout particulier pour les populations les plus vulnérables d’entre elles, les filles, les plus âgés et les jeunes sortis du système scolaire.
- La santé de ces jeunes constitue un enjeu majeur, tant en termes de prévention que de prise en charge. Donner à ces jeunes le goût de grandir, les aider à prendre soin d’eux-mêmes et de leur santé, demande un travail en synergie entre les professionnels de la PJJ, les professionnels de santé, de l’éducation, les familles et les jeunes eux-mêmes.
- Enfin, malgré la grande difficulté de réaliser des enquêtes quantitatives auprès de ce public, le bon accueil des jeunes est encourageant et invite à tirer des enseignements pour améliorer les enquêtes auprès de cette population.
Ce rapport qui détaille les résultats est accompagné d’un Focus reprenant les principaux éléments.
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