Suivi de l'infection à VIH-SIDA en Ile-de-France

11 décembre 2000

Ces deux dernières années ont été marquées par une absence quasi totale de données épidémiologiques concernant l’infection à VIH-sida en France. Ceci est lié d’une part au mouvement social des médecins inspecteurs de santé publique qui s’est caractérisé durant dix-huit mois par la non-transmission par les DDASS des relevés hebdomadaires de déclarations obligatoires. D’autre part, anticipant la mise en place de la déclaration obligatoire de séropositivité, les enquêtes de prévalence de l’infection à VIH ont été suspendues à la fin de l’année 1998. Cependant, fin 2000, la mise en place du système de déclaration obligatoire de séropositivité n’est pas encore effective. Les données analysées dans ce Bulletin proviennent des déclarations obligatoires des cas de sida, à nouveau disponibles depuis septembre 2000 ainsi que du suivi hospitalier des patients touchés par l’infection à VIH et d’une enquête réalisée dans les Consultations de dépistage anonyme et gratuit. Les données franciliennes convergent pour montrer des modifications importantes des caractéristiques des personnes touchées par le VIH-sida dans cette région. La part des personnes contaminées lors de rapports hétérosexuels devient prépondérante parmi les personnes touchées par le VIH-sida en Ile-de-France, ce qui explique aussi que la proportion de femmes soit plus élevée qu’auparavant. De plus, le dépistage des contaminations est relativement tardif parmi les personnes contaminées lors de rapports hétérosexuels, notamment parmi les personnes de nationalité étrangère, coïncidant dans de nombreux cas avec la date du diagnostic sida. Ceci a pour conséquence d’inclure dans la filière de soins des personnes qui présentent déjà des formes mineures de la maladie -voire un sida avéré- et de limiter probablement l’efficacité des traitements qui peuvent être proposés. Enfin, chez les personnes de nationalité étrangère qui connaissent leur séropositivité, l’accès à des traitements antirétroviraux avant le diagnostic sida est plus faible que chez les personnes de nationalité française, révélant notamment un recours au système de soins plus tardif et probablement une plus grande circonspection des médecins à prescrire des traitements à des personnes de nationalité étrangère par "anticipations négatives des capacités d’observance de ces patients" (1). Les résultats que nous présentons dans ce Bulletin indiquent que l’épidémie de VIH-Sida demeure importante dans la région Ile-de-France et que la diminution du nombre de nouveaux cas de sida comme celle des décès tend à ralentir.

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