Suivi de l'infection à VIH-SIDA en Ile-de-France

Les homosexuels masculins face au VIH/sida : données épidémiologiques et aspects de la prévention

05 décembre 2005

Les données issues de la déclaration obligatoire de séropositivité, disponibles en France depuis 2003, permettent de disposer d’informations actualisées sur l’évolution de l’épidémie. De plus, la surveillance virologique couplée aux déclarations de VIH, en indiquant si l’infection est intervenue dans les six mois précédant le diagnostic, renseigne directement sur les nouvelles contaminations. Cette réactivité du dispositif de surveillance épidémiologique est cruciale pour adapter les dispositifs de prévention aux défaillances observées. La prévention a également besoin de données actualisées sur les comportements et les attitudes. Les résultats de la nouvelle enquête dite KABP sur les connaissances, les attitudes et les comportements des Français face au VIH, atteste que le risque VIH est désormais intégré au paysage de santé. Mais si l’enquête de 2001 avait montré en population générale un net relâchement des comportements de prévention, notamment chez les multipartenaires, les données de l’enquête de 2004 ne confirment pas la poursuite de ce relâchement. En revanche, les enquêtes récentes sur les comportements de prévention des homosexuels ont confirmé la recrudescence des prises de risque. En France, les projections alarmistes sur un relapse des comportements de prévention chez les homosexuels, et sur ses conséquences pour l’épidémie VIH, ont cessé d’être hypothétiques. Parmi les personnes nouvellement dépistées séropositives en 2003-2004 et domiciliées en Ile-de-France, 54% de celles contaminées par voie homo-bisexuelle l’ont été depuis moins de six mois. Cette proportion d’infections récentes est nettement plus élevée que pour les personnes contaminées par voie hétérosexuelle ou par usage de drogues. Cet indicateur témoigne d’une épidémie qui reste dynamique chez les homo-bisexuels, comme le montre aussi l’augmentation de la proportion de la contamination homo-bisexuelle dans les nouveaux cas de séropositivité. Tous les indicateurs convergent par ailleurs pour souligner l’extension des comportements à risque des homosexuels séropositifs. La norme préventive qui prévalait massivement jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix parmi les homosexuels masculins semble avoir laissé de plus en plus place à une sexualité dégagée de la contrainte du risque. Relancer rapidement une dynamique collective de prévention parmi les homosexuels masculins constitue un défi pour les pouvoirs publics, les associations de lutte contre le sida et la communauté homosexuelle. L’invention de nouvelles stratégies de prévention qui répondent efficacement aux prises de risque des homosexuels ne se fera cependant pas sans difficultés. Deux défis peuvent être mis en relief dans les réflexions des acteurs de prévention aujourd’hui: encourager les comportements responsables des personnes séropositives qui se protègent et protègent leurs partenaires sexuels; comprendre les déterminants des prises de risque, et les vulnérabilités sociopsychologiques qui rendent une majorité d’hommes homosexuels encline au risque. Des chantiers de réflexion qui font l’objet de controverses à la hauteur de leur urgence. 

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